Fonctionnement dans la famille

La qualité de vie est influencée par le fonctionnement dans la famille, et notamment par la communication au sein de la famille d’un délinquant (Brown et coll., 20095).

La famille représente une entité organique et les conseillers parajudiciaires autochtones doivent se rappeler que toute famille vivant une situation stressante — l’emprisonnent de l’un de ses membres, tout autre événement difficile ou traumatisant, un changement de vie, positif ou négatif, etc. — connaît une période d’adaptation.

Au cours de la période d’adaptation, le système familial dans son ensemble doit s’adapter, et son mode de fonctionnement doit être revu (Olson et Gorall, 200311). Ce facteur peut entrer en ligne de compte dans la présentation fondée sur les principes de l’arrêt Gladue à l’audience de détermination de la peine.

La famille joue un rôle déterminant dans la construction de notre identité et de notre perception du monde. Les grands-parents, les parents et les membres de la famille élargie sont des sources de premier plan pour ce qui est de notre culture, de nos valeurs, de notre histoire familiale et de notre place dans le monde.

Plusieurs événements marquants ont eu des répercussions sur les familles autochtones. Les pensionnats et la rafle des années 60, par exemple, ont creusé une rupture intergénérationnelle au sein des familles autochtones.

Ces ruptures se traduisent aujourd’hui par une proportion démesurée de placements en institution d’enfants autochtones, qui peut atteindre 60 % dans certaines administrations. Outre les traumatismes familiaux intergénérationnels, des facteurs comme la pauvreté, l’abus de substances et la violence familiale érodent également la continuité familiale.

Les répercussions sur le plan individuel, tant chez les adultes que chez les enfants, peuvent être profondes et donner lieu à des problèmes affectifs et de santé mentale permanents. C’est pourquoi il est d’une importance vitale que les conseillers parajudiciaires autochtones considèrent la nature et la qualité des liens que le délinquant entretient avec sa famille. Le tribunal bénéficiera d’un éclairage précieux sur les actes et les comportements d’un délinquant s’il connaît son histoire familiale et les répercussions sur ses agissements.
Conseil sur les principes Gladue:

  • Les renseignements sur la dynamique familiale, y compris la souplesse, la cohésion et la résilience, constituent des variables indépendantes de la qualité de vie et de la « personnalité du délinquant ».

  • Faites des recherches sur les antécédents des membres de la famille — grands-parents, parents ou membres importants de la famille élargie — susceptibles d’avoir subi des traumatismes intergénérationnels.

  • Répertoriez les événements familiaux et les facteurs qui ont contribué à ce que le délinquant ait eu (ou non) des démêlés avec le système de justice.

  • Expliquez comment le délinquant s’est adapté au traumatisme familial (par la résilience ou au contraire par des problèmes de dépression, de santé physique ou mentale).

  • Parlez des difficultés liées aux relations intimes ou adultes, lorsque le délinquant manifeste des problèmes de communication ou de gestion des émotions du délinquant, ou qu’il a proféré des menaces ou commis des actes de violence familiale.

  • Évaluez la qualité des relations entre frères et sœurs au sein de la famille du délinquant, le soutien donné, les liens d’attachement, les rivalités, les conflits graves, etc.

  • Évaluez la relation qu’entretient le délinquant avec ses enfants, son attachement, sa capacité à en prendre soin, le soutien financier et affectif qu’il leur procure.

  • Évaluez la qualité des relations au sein de la famille entière, et la mesure dans laquelle elle apporte un soutien au délinquant et se montre solidaire de sa situation.